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La Hora

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Avec Renée Pietrafesa

La persévérance d'un travail indépendant

Ce ne doit pas être facile d'assumer le rôle traditionnellement assigné aux hommes et de s'ouvrir le chemin la baguette à la main. Renée Pietrafesa, par ailleurs compositrice et pianiste et de clavecin, s'est lancée à être la seule femme qui dirige un orchestre en Uruguay, l'ensemble "Ars Musicæ".

Renée Pietrafesa
Renée Pietrafesa: "Je pense qu'il n'y a pas d'œuvre
qui ne vienne d'une source populaire".

Cela crée une situation paradoxale en ce sens que les propres créateurs de notre milieu, ne sont pas protégés et dans beaucoup de cas se trouvent empêchés de développer leur travail dans des conditions favorables.
Poursuivre la note par les concepts intéressants de Renée sur la formation de la musique professionnelle et aussi de l'auditeur public nous amènerait encore quelques feuillets et dans une bataille perdue d'avance pour qu'on nous donnent plus d'espace. Mais ce sont des thèmes d'une discussion nécessaire et qu'il faudra aborder un jour.

Karin Otten.

Il y a beaucoup de femmes qui jouent de la musique, mais : pourquoi y a-t-il si peu de compositrices et directrices ?
— Cela tient à ce siècle, je crois, bien que dans l'histoire de la musique, oui, il y a bien eu des compositrices, mais elles ont été très peu. Elles continuent d'être actuellement peu nombreuses mais il y en a plus. Avec la musique électroacoustique et enregistrée de ces dernières décennies beaucoup plus de gens ont pu composer et manier les appareils. Et les femmes s'y sont plus risquées. Au niveau sociétal, certains rôles sont assignés à la femme et nous ne nous risquions pas à penser que nous pouvions être créatrices et tout à coup diriger un orchestre, parce qu'on nous disait que c'était des rôles d'hommes. J'ai eu de la chance car ils m'ont toujours respecté comme être musical et comme compositrice. Comme directrice, ce fut un peu plus compliqué de les convaincre eux, qui ne sont pas habitués à ce type d'image, les convaincre dece que moi aussi je pouvais, mais maintenant il n'y a plus de problèmes.
Tu es très attachée à la musique contemporaine, mais dans les concerts de "Ars Musicæ" la plupart des œuvres sont classiques : pourquoi ?
— Je compose de la musique contemporaine. Mais dans les concerts de "Ars Musicæ" il y a deux versants : le versan Alfa et le versant le Beta. Versant Alfa, nous avons fait surtout de la musique traditionnelle, peu ou pas du tout connue et nous inaugurons même des premières à chaque concert de musique traditionnelle, mais il y a aussi toujours une œuvre contemporaine.


Programme de cette année

...Et, quel est ton programme cette année ?
RP. — Pour le premier concert nous commençons avec trois compositions de Telemann, suivies d"un Purcell, un concert pour trompette et cordes peu connu. En deuxième partie, une œuvre contemporaine, en première. C'est une œuvre écrite par un Franco-Yougoslave, Mihalovici, pour percussions et piano qui nous permet d'expliquer les possibilités de timbres des percussions, et celles de percussion du piano. Après nous recommençons le cheminement chronologique de l'histoire de la musique.
Le plan pour "Ars Musicæ" prévoit le 25 août un concert avec œuvres de Tosar, d'Orellana et  une propre à notre entrevue. Plus près, le 9 juin, une journée totalement dédiée à Mozart, avec deux premières auditions et Luis Batlle Ibáñez en pianiste invité. Nous lui demandons si, lors du choix des musiciens, c'est le domaine technique ou l'enthousiasme qui lui importe plus. Renée revendique ici ce qu'elle a appris de sa mère, Renée Bonnet, en ce sens que le technique ne peut pas se séparer du musical et elle explique que dès 1964, quand elle a fondé "Ars Musicæ" le critère a été de mêler des professionnels avec jeunes, pour leur ouvrir une possibilité réelle de se tracer un chemin. Tout cela, un espace, bien sûr à partir d'un niveau technique et musical minimum et bon.


Les auteurs nationaux

Le Río de la Plata, et l'Uruguay en particulier, ont dans leur musique des choses aussi spécifiques et riches que le tango et le candombe. Pourquoi ont-ils une résonance si peu présente dans la musique dite cultivé ? Si l'on écoute des œuvres de Telemann, Mozart, Beethoven, Schubert et d'une quantité d'autres maîtres très universels, on remarque qu'ils prêtaient beaucoup d'attention à la musique populaire et tiraient d'elle beaucoup  de matériel thématique. Serait-ce que l'auteur uruguayen a la crainte d'être étiqueté "nationaliste" ?
— Je pense qu'il n'y a pas d'œuvre écrite qui ne vienne d'une source populaire, pas même ces sonorités rares crées sur des synthétiseurs et des ordinateurs. Il y a une origine commune à bien des choses dans la musique, et dans l'art en général, et il y a beaucoup plus de choses semblables en différents lieux du monde que ce que croient les compositeurs eux-même. Je crois qu'il y a des archétypes chez l'être humain et que celui-ci les trasmet dans un milieu comme la musique dans tout lieu. Et ces archétypes se ressemblent. Bien des fois, la musique populaire est plus directe quant à certains paramètres de la musique traditionnelle, par exemple, une tonalité, une mélodie, un rythme. La musique actuelle a recherché d'un autre côté, par le matériel sonore.

Mais depuis, actuellement, beaucoup de compositeurs de nos pays essaient de donner au matériel sonore une structure, où apparaissent des éléments similaires à ceux de structures antérieures et d'autres un peu différents et  pas tant que cela, parce qu'ils ont à voir comme déjà j'ai dit à des archétypes de l'être humain.
Je ne sais pas c'est dans la façon de jouer les instruments ou celle de manier le matériel, ou dans un certain lyrisme qui peut exister parfois chez les compositeurs latino-américains. On dirait que c'est un nouveau romantisme qui commence à surgir.
Dans cette longue réponse à une longue question, Renée Pietrafesa s'étend aussi sur les "nationalistes" uruguayens, parmi lesquels elle inclut Fabini, Jaurés Lamarque Pons et la première époque de Tosar, et revient sur ce qu'elle entend par cette certaine manière particulière de jouer et de manier la structure qui ferait d'un silence nostalgique, comme le thème d'une vidalita connue, quelque chose de si représentatif d
u champ uruguayen.
En ce qui concerne les auteurs uruguayens modernes qui ne manieraient pas consciemment à un niveau mélodique ou rythmique la musique populaire, elle affirme que certains ne l'ont pas fait mais d'autres si et qu'il existe toute une nouvelle génération qui, oui, le fait. (Je dois confesser que malgré la conviction et l'éloquence avec laquelle Renée a répondu à cette question, il continue de me rester la sensation de ce que la relation musicale populairo-mytsique "cultivée" uruguayenne contemporaine est à l'oreille excessivement difficile à reconnaître. Cela peut être une déficience personnelle).


La diffusion d'auteurs de chez nous

— Est-ce que le nombre d'œuvres d'auteurs uruguayens et latino-américains joués en concerts te semblent suffisant?
— Non ; et c'est bien dommage. À part le Núcleo Música Nueva et nous dans "Ars Musicæ" qui toujours essayons de chercher toujours un équilibre. Les auteurs nationaux et la musique contemporaine devraient être tous les jours sur les radios.
Dans presque tous curriculums de directeurs et de solistes on trouve des études en Europe. N'y a-t-il pas  en Amérique latine un niveau suffisant de formation supérieure ?
— Si, il existe, mais même ma génération partait toujours en Europe pour étudier et se perfectionner et s'en retournait après, mais cela a changé et maintenant nous sommes à un autre niveau. Il y a des gens qui viennent d'Espagne et d'autres pays pour étudier ici, avec des professeurs qui ont développé des méthodes pédagogiques et d'enseignement de certains instruments et de composition. Et ils viennent ici pour apprendre la méthode et lla rameber avec eux.

Pietrafesa en un ensayo de Ars Musicæ en el Anglo
Pietrafesa en répétition avec "Ars Musicæ" à l'Anglo.

4 de junio de 1988